"Réfléchir sur ce que l'on voudrait en
"Réfléchir
sur ce que l'on voudrait en réalité.
La conscience du temps limité, fugitif, comme source de force pour s'opposer à
ses propres habitudes et attentes, mais avant tout aux attentes et menaces des
autres. Comme quelque chose, donc, qui ouvre l'avenir et ne le ferme
pas. (...)
'Pourquoi faut-il que j'y pense, la fin est la fin, elle viendra quand elle
viendra, pourquoi me dites-vous cela, cela ne change pourtant rien à rien.'
Quelle est la réplique ?
'Ne gaspille pas ton temps, fais en quelque chose de
profitable.'
Mais qu'est-ce que cela veut dire, profitable?
Se décider enfin à réaliser des désirs longtemps nourris. Réfuter l'erreur
selon laquelle on aura toujours le temps plus tard. Le Memento, instrument de
combat contre la paresse, les illusions que l'on se fait à soi-même et la peur
liée au changement nécessaire. Faire le voyage longtemps rêvé, apprendre encore
cette langue, lire ces livres, s'acheter ce bijou, passer une nuit dans cet
hôtel célèbre. Ne pas se manquer soi-même.
Cela implique aussi de plus grandes résolutions: abandonner le métier
non-aimé, s'évader d'un milieu détesté. Faire ce qui aide à devenir plus
authentique, à se rapprocher de soi-même. (...)
En se souvenant de la mort, rectifier la relation avec les autres. Mettre
fin à une hostilité, s'excuser pour le tort que l'on a fait, exprimer une
reconnaissance à laquelle on n'était pas disposé par mesquinerie. Des choses
que l'on a considérées comme trop importantes, leur accorder moins
d'importance: les coups d'épingle des autres, leurs grands airs, et en général
le jugement capricieux qu'ils portent sur vous. Le Memento comme invite à sentir autrement."
Pascal Mercier - Train de nuit pour Lisbonne
> Merci Cécile pour ce livre qui résonne en moi.